Sujet proposé : vous êtes médecin urgentiste en fin de carrière,
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Sujet proposé : vous êtes médecin urgentiste en fin de carrière,
vous livrez votre lassitude, vos joies, vos regrets
Re: Sujet proposé : vous êtes médecin urgentiste en fin de carrière,
Avant dernière garde.
La fin de mon histoire professionnelle, la fin de mon histoire sans doute. Que ferai-je de plus fort que ça?
J'ai tout vu, tout rencontré : histoires de détresse, de vies brisées, de douleurs physiques, de décisions à prendre, vite toujours si vite, coordonner, ne pas se tromper,être calme et détaché même lorsque la cervelle d'un enfant est collé entre les essuie-glace du pare-brise et que le conducteur reste à sauver.
Une vie, la mienne, faite de doutes et de certitudes à la fois. Ai-je pris toujours la bonne décision? Ai je su traiter chaque vie avec la même force à chaque fois? Je n'étais qu'un homme quand j'aurais parfois voulu être le dieu qui aurait ramené la mère enceinte à la vie, l'enfant tombé du balcon, l'infarctus de cet homme de36 ans lors d'une banale réunion un mardi matin.
L'horreur côtoie le quotidien quand on la pense si loin de soi.
Invariablement, elle plongeait les familles dans la douleur indicible, je vivais les annonces des drames avec détachements aujourd'hui. J'ai pu voir toute les réactions : syncope, hurlements, état de choc , le mot non, entendu des dizaines de fois sur tous les tons, murmuré, chuchoté, crié, les gens qui vous demandent de répéter ce qui arrive, ceux qui pensent que vous avez tous les pouvoirs, que l'aiguille et l'adrénaline feront le miracle.
Mais comment leur reprocher de ne pas comprendre que la vie n'a pas de sens, que l'existence est absurde, que toutes nos pensées ne nous protègent pas des chocs au corps? Que le bonheur n'est pas éternel? Que la bonté et l'innocence se meurent et qu'elles n'ont finalement aucune valeur pour d'autre qu'eux?
Je pouvais sauver des vies mais je n'avais aucune de ces réponses là, aucune réponse aux pourquoi.
Je donnais des détails sur les causes du décès, hémorragies le plus souvent, et le processus de la mort, l'heure parfois.
Pour le reste ils se débrouilleraient.
Ce fut cela ma vie.
Aujourd'hui, j'étais las, je n'avais plus la foi pour ressusciter les gens, je devais céder mon rôle, mon sacerdoce. L'urgence et la détresse n’intéressaient pas les jeunes médecins, je le savais. C'est une des missions les plus difficiles qui puissent exister, pas de nuits, pas de vie personnelle stable, souvent d'astreinte.
Mais je devais partir, je me faisais vieux.
Et maintenant, qu'allais-je faire?
La fin de mon histoire professionnelle, la fin de mon histoire sans doute. Que ferai-je de plus fort que ça?
J'ai tout vu, tout rencontré : histoires de détresse, de vies brisées, de douleurs physiques, de décisions à prendre, vite toujours si vite, coordonner, ne pas se tromper,être calme et détaché même lorsque la cervelle d'un enfant est collé entre les essuie-glace du pare-brise et que le conducteur reste à sauver.
Une vie, la mienne, faite de doutes et de certitudes à la fois. Ai-je pris toujours la bonne décision? Ai je su traiter chaque vie avec la même force à chaque fois? Je n'étais qu'un homme quand j'aurais parfois voulu être le dieu qui aurait ramené la mère enceinte à la vie, l'enfant tombé du balcon, l'infarctus de cet homme de36 ans lors d'une banale réunion un mardi matin.
L'horreur côtoie le quotidien quand on la pense si loin de soi.
Invariablement, elle plongeait les familles dans la douleur indicible, je vivais les annonces des drames avec détachements aujourd'hui. J'ai pu voir toute les réactions : syncope, hurlements, état de choc , le mot non, entendu des dizaines de fois sur tous les tons, murmuré, chuchoté, crié, les gens qui vous demandent de répéter ce qui arrive, ceux qui pensent que vous avez tous les pouvoirs, que l'aiguille et l'adrénaline feront le miracle.
Mais comment leur reprocher de ne pas comprendre que la vie n'a pas de sens, que l'existence est absurde, que toutes nos pensées ne nous protègent pas des chocs au corps? Que le bonheur n'est pas éternel? Que la bonté et l'innocence se meurent et qu'elles n'ont finalement aucune valeur pour d'autre qu'eux?
Je pouvais sauver des vies mais je n'avais aucune de ces réponses là, aucune réponse aux pourquoi.
Je donnais des détails sur les causes du décès, hémorragies le plus souvent, et le processus de la mort, l'heure parfois.
Pour le reste ils se débrouilleraient.
Ce fut cela ma vie.
Aujourd'hui, j'étais las, je n'avais plus la foi pour ressusciter les gens, je devais céder mon rôle, mon sacerdoce. L'urgence et la détresse n’intéressaient pas les jeunes médecins, je le savais. C'est une des missions les plus difficiles qui puissent exister, pas de nuits, pas de vie personnelle stable, souvent d'astreinte.
Mais je devais partir, je me faisais vieux.
Et maintenant, qu'allais-je faire?
Re: Sujet proposé : vous êtes médecin urgentiste en fin de carrière,
A mon tour !
Ma dernière vison ce seront ces lumières crues vues depuis ma civière.
Je vais enfin savoir ce que ça fait.
Je vais enfin y voir plus clair.
Ma dernière vison ce seront ces lumières crues vues depuis ma civière.
Je vais enfin savoir ce que ça fait.
Je vais enfin y voir plus clair.
Cyclopède- Bouquet de soleils
- Messages : 400
Points : 3074
Date d'inscription : 01/03/2017
Re: Sujet proposé : vous êtes médecin urgentiste en fin de carrière,
Cyclopède a écrit:A mon tour !
Ma dernière vison ce seront ces lumières crues vues depuis ma civière.
Je vais enfin savoir ce que ça fait.
Je vais enfin y voir plus clair.
Concision, précision, dérision ... que dire après ça ?
Izo- Bouquet de soleils
- Messages : 460
Points : 3087
Date d'inscription : 24/02/2017
Re: Sujet proposé : vous êtes médecin urgentiste en fin de carrière,
J'avoue. Dans mon récit il n'envisage pas sa propre mort. Tout tourné encore vers son sacerdoce sûil abandonné littéralement à regret par épuisement.
Pas une seconde je n'y ai pensé. J'ai envisagé le vide que laisserait l'absence des autres, se sentir peut être inutile .
Me voilà en train d'expliquer mes projections
Pas une seconde je n'y ai pensé. J'ai envisagé le vide que laisserait l'absence des autres, se sentir peut être inutile .
Me voilà en train d'expliquer mes projections
Vivelavie- Rose Reine
- Messages : 81
Points : 2698
Date d'inscription : 24/02/2017
Re: Sujet proposé : vous êtes médecin urgentiste en fin de carrière,
- Spoiler:
- C'est sympa dans une vie de l'avoir frôlée. On sait à qui on a à faire avec soi après ça.
Cyclopède- Bouquet de soleils
- Messages : 400
Points : 3074
Date d'inscription : 01/03/2017
Re: Sujet proposé : vous êtes médecin urgentiste en fin de carrière,
Sujet 2 : lundi matin, vous filez au tabac du coin pour faire valider votre billet gagnant à un jeu de loterie. Total du gain 3 millions d'euros. Décrivez vos émotions et envies.
Re: Sujet proposé : vous êtes médecin urgentiste en fin de carrière,
Avant de gagner au loto je suis le médecin urgentiste...
Allez je clampse et je.... mais pourquoi est-ce que je tremble ainsi ? Et voilà mes yeux qui larmoient. Les infirmières me regardent émues elles aussi. Allons que je me concentre sinon l'affaire va mal tourner pour ce patient dont je ne vois que draps et peau. Je ne connais même pas son nom. D'ailleurs tous ceux qui sont passés entre mes mains me sont inconnus. Pas le temps de faire plus ample connaissance, le temps tourne et la mort trépigne d'impatience. Aspiration, là sur la gauche... doucement. Je dégouline de sueur. Mes glandes sudoripares s'affolent elles aussi. Pas le temps, pas le temps, vieille rengaine qui ne barrera plus mon chemin désormais. Demain m'apportera l'éternité, à ne plus devoir faire, les mains ballantes pour toujours vides de vie à infuser. C'est la quille. Déjà hier la conférence a été un fiasco, le doigt d'honneur n'a pas été apprécié. Ils ont mis ça sur le compte de l'émotion. Comment peuvent-ils ? Moi le crac en la matière. Mon sang froid légendaire s'émousse déjà à leurs yeux ? Ne pas voir l'enfant mais la blessure et décider efficacement, agir tout aussi rapidement. Garder ce cap, toujours.
Ici, pas d'agrafes le sujet semble jeune, je ne vais pas le sauver pour lui gâcher la vie ensuite. Allez j'appelle Sonia Rykiel à la rescousse, faut que j'arrête de trembler ainsi, et que je referme ça avec application. Du bon boulot, comme d'habitude.
L'infirmière en chef me sourit. Enfin, je le vois à ses yeux qui plissent. J'ai toujours rêvé de poser mes lèvres sur les siennes. Oserais-je ? Après le doigt d'honneur d'hier on risque de me croire définitivement vulgaire.
Allons que je finisse, je passerai voir ce patient pour savoir son nom et son histoire. Je lui dirai qu'à l'intérieur son corps est bien fait, propre, vif. Aussi pourrais-je répondre à cette question qui me taraude parfois : est-ce que le dehors ressemble au dedans ? Après quoi je pourrai partir, quitter cet enfer. Attention à ne pas me retourner comme Orphée !
Allez je clampse et je.... mais pourquoi est-ce que je tremble ainsi ? Et voilà mes yeux qui larmoient. Les infirmières me regardent émues elles aussi. Allons que je me concentre sinon l'affaire va mal tourner pour ce patient dont je ne vois que draps et peau. Je ne connais même pas son nom. D'ailleurs tous ceux qui sont passés entre mes mains me sont inconnus. Pas le temps de faire plus ample connaissance, le temps tourne et la mort trépigne d'impatience. Aspiration, là sur la gauche... doucement. Je dégouline de sueur. Mes glandes sudoripares s'affolent elles aussi. Pas le temps, pas le temps, vieille rengaine qui ne barrera plus mon chemin désormais. Demain m'apportera l'éternité, à ne plus devoir faire, les mains ballantes pour toujours vides de vie à infuser. C'est la quille. Déjà hier la conférence a été un fiasco, le doigt d'honneur n'a pas été apprécié. Ils ont mis ça sur le compte de l'émotion. Comment peuvent-ils ? Moi le crac en la matière. Mon sang froid légendaire s'émousse déjà à leurs yeux ? Ne pas voir l'enfant mais la blessure et décider efficacement, agir tout aussi rapidement. Garder ce cap, toujours.
Ici, pas d'agrafes le sujet semble jeune, je ne vais pas le sauver pour lui gâcher la vie ensuite. Allez j'appelle Sonia Rykiel à la rescousse, faut que j'arrête de trembler ainsi, et que je referme ça avec application. Du bon boulot, comme d'habitude.
L'infirmière en chef me sourit. Enfin, je le vois à ses yeux qui plissent. J'ai toujours rêvé de poser mes lèvres sur les siennes. Oserais-je ? Après le doigt d'honneur d'hier on risque de me croire définitivement vulgaire.
Allons que je finisse, je passerai voir ce patient pour savoir son nom et son histoire. Je lui dirai qu'à l'intérieur son corps est bien fait, propre, vif. Aussi pourrais-je répondre à cette question qui me taraude parfois : est-ce que le dehors ressemble au dedans ? Après quoi je pourrai partir, quitter cet enfer. Attention à ne pas me retourner comme Orphée !
Izo- Bouquet de soleils
- Messages : 460
Points : 3087
Date d'inscription : 24/02/2017
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