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Paul Verlaine

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Message par Vive Mar 15 Aoû 2017 - 22:51

Paul VERLAINE (1844-1896)

Circonspection

Donne ta main, retiens ton souffle, asseyons-nous
Sous cet arbre géant où vient mourir la brise
En soupirs inégaux sous la ramure grise
Que caresse le clair de lune blême et doux.

Immobiles, baissons nos yeux vers nos genoux.
Ne pensons pas, rêvons. Laissons faire à leur guise
Le bonheur qui s'enfuit et l'amour qui s'épuise,
Et nos cheveux frôlés par l'aile des hiboux.

Oublions d'espérer. Discrète et contenue,
Que l'âme de chacun de nous deux continue
Ce calme et cette mort sereine du soleil.

Restons silencieux parmi la paix nocturne :
Il n'est pas bon d'aller troubler dans son sommeil
La nature, ce dieu féroce et taciturne.
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Message par Vive Mar 15 Aoû 2017 - 23:06

Paul VERLAINE (1844-1896)

Es-tu brune ou blonde ?

Es-tu brune ou blonde ?
Sont-ils noirs ou bleus,
Tes yeux ?
Je n'en sais rien mais j'aime leur clarté profonde,
Mais j'adore le désordre de tes cheveux.

Es-tu douce ou dure ?
Est-il sensible ou moqueur,
Ton coeur ?
Je n'en sais rien mais je rends grâce à la nature
D'avoir fait de ton coeur mon maître et mon vainqueur.

Fidèle, infidèle ?
Qu'est-ce que ça fait,
Au fait
Puisque toujours dispose à couronner mon zèle
Ta beauté sert de gage à mon plus cher souhait.
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Message par Vive Mar 15 Aoû 2017 - 23:09

Il pleure dans mon coeur

Il pleure dans mon coeur
Comme il pleut sur la ville ;
Quelle est cette langueur
Qui pénètre mon coeur ?

Ô bruit doux de la pluie
Par terre et sur les toits !
Pour un coeur qui s'ennuie,
Ô le chant de la pluie !

Il pleure sans raison
Dans ce coeur qui s'écoeure.
Quoi ! nulle trahison ?...
Ce deuil est sans raison.

C'est bien la pire peine
De ne savoir pourquoi
Sans amour et sans haine
Mon coeur a tant de peine !
Vive
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Message par Vive Mar 15 Aoû 2017 - 23:18



L'angoisse

Nature, rien de toi ne m'émeut, ni les champs
Nourriciers, ni l'écho vermeil des pastorales
Siciliennes, ni les pompes aurorales,
Ni la solennité dolente des couchants.

Je ris de l'Art, je ris de l'Homme aussi, des chants,
Des vers, des temples grecs et des tours en spirales
Qu'étirent dans le ciel vide les cathédrales,
Et je vois du même oeil les bons et les méchants.

Je ne crois pas en Dieu, j'abjure et je renie
Toute pensée, et quant à la vieille ironie,
L'Amour, je voudrais bien qu'on ne m'en parlât plus.

Lasse de vivre, ayant peur de mourir, pareille
Au brick perdu jouet du flux et du reflux,
Mon âme pour d'affreux naufrages appareille.
Vive
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Message par Vive Lun 28 Aoû 2017 - 18:16

« Mon rêve familier » est un poème extrait du recueil Poèmes saturniens.

Mon Rêve familier

Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant
D’une femme inconnue, et que j’aime, et qui m’aime,
Et qui n’est, chaque fois, ni tout à fait la même
Ni tout à fait une autre, et m’aime et me comprend.

Car elle me comprend, et mon coeur transparent
Pour elle seule, hélas ! cesse d’être un problème
Pour elle seule, et les moiteurs de mon front blême,
Elle seule les sait rafraîchir, en pleurant.

Est-elle brune, blonde ou rousse ? –Je l’ignore.
Son nom ? Je me souviens qu’il est doux et sonore
Comme ceux des aimés que la Vie exila.

Son regard est pareil au regard des statues,
Et pour sa voix, lointaine, et calme, et grave, elle a
L’inflexion des voix chères qui se sont tues.


Un commentaire ? a écrit:Plan de commentaire

I- L'implication de l'auteur
- L'emploi de la première personne du singulier
Le " je " de l'auteur s'adresse à un " tu " inconnu qui pourrait aussi bien être lui même (soliloque). Il s'oppose au elle qui introduit le récit du rêve. Verlaine reprend le " je " qui rappelle le mal-être chanté par les romantiques, pour nous suggérer peut-être que seul un être idéal pourrait déchiffrer son cœur, partagé entre les hommes et les femmes.
- L'emploi des adjectifs possessifs
Verlaine accentue sa présence à travers les multiples adjectifs possessifs à la première personne, mon front, mon cœur. Ces adjectifs renforcent l'idée que le poète est bien le principal personnage du texte
- L'effet des répétitions
Les répétitions sont souvent d'apparentes maladresses mais ici elles produisent un effet d'envoûtement pour mieux nous faire pénétrer le charme de la parole. La conjonction et qui apparaît6 fois dans la première strophe crée l'effet d'une berceuse rythmique. La seconde répétition " elle seule " dans le second quatrain connote à la fois le soulagement et le regret, soulagement pour Verlaine d'avoir trouvé même si ce n'est qu'en rêve l'harmonie faite d'amour, de douceur et de compréhension, même s'il ne s'agit que d'un stéréotype de femme-mère et de femme-femme, mais aussi regret qu'il n'en existe qu'une seule qui puisse l'aimer et le comprendre.
- Valeur de l'exclamation et des interrogations
Par l'exclamation " hélas ", Verlaine déplore peut-être qu'une seule personne et qui plus est appartenant au monde onirique puisse l'aimer et le comprendre, mais rien dans le texte ne nous permet de l'affirmer. Il peut également déplorer que cette femme appartient au royaume des morts, et dans ce cas sa créature de rêve ressemble plus à un ange. Les deux interrogations nous confirme dans cette voie. Il ne s'agit pas du rêve d'une rencontre possible mais au contraire de celui d'une rencontre impossible. La femme de Verlaine manque de précision, elle est envisagée d'une façon globale et abstraite.

II-La place et le rôle de la femme
- Sa progression
Verlaine n'a pas trouvé dans sa vie la femme qu'il cherche. Son existence est onirique, elle est immatérielle, Verlaine ne se souvient même pas de son physique. Si au fil de la progression, on observe la femme en tant que terme constant du poème, elle passe dans le vers 2 du rôle de " femme inconnue " a celui d'un sujet d'amour " que j'aime " puis d'un sujet aimant " qui m'aime ". Dans le dernier tercet, elle s'éloigne complètement " des voix qui se sont tues ".
- Le flou de son portrait
Il n'est pas question d'une femme en particulier mais de la femme en général. Elle n'est pas nommée parce qu'elle n'a pas d'identité, parce qu'elle reste floue. Observons que sa figure féminine ne revêt pas mille visages successifs mais que subtilement s'opèrent des variations légères d'un rêve à l'autre " ni tout à fait la même, ni tout à fait une autre ".
- Complice, indifférente ou sujet passif ?
Verlaine a enfin trouvé dans son rêve l'harmonie faite d'amour, de douceur et de compréhension " et qui m'aime " " elle me comprend ". C'est un stéréotype de femme mère et de femme-femme soumise et pleine de compassion.
- Sa charge de mystère
Par une espèce de paradoxe, le poète crée la figure qu'il évoque. La femme de Verlaine est chargée de mystère. D'une vision globale de la femme idéale amoureuse et soumise, on passe à des détails " son nom doux et sonore ", son regard " pareil à celui des statues " , sa voix " l'inflexion des voix qui se sont tues " qui donne à cette femme un semblant d'identité.
- Sa métamorphose
Verlaine fait souvent ce rêve sans préciser depuis combien de temps. La femme dans cette évocation devient un monument d'espoir sculpté dans l'imaginaire. Mais dans sa réalité que l'on devine dans les derniers vers ne représente-t-elle pas le miroir abstrait dont a besoin le poète pour que lui soit retournée l'image de sa souffrance qui amplifiée devient la source du pouvoir magique du poète.
- Le thème de la mort.
Cette femme rêvée apparaît dans les vers 11 à 14 sous le signe de la mort " étrange et pénétrant ". En effet ce rêve ne se déroule pas de façon classique, superficielle sur l'écran des nuits de Verlaine mais poursuit le poète au delà du rêve et s'installe en lui au point de l'envahir. L'idée de mort, des défunts n'est que suggérée, atténuée par l'euphémisme du silence, " les aimés que la vie exila " et " des voix qui se sont tues ".

III- L'importance des sentiments
- La place de la réciprocité
Les verbe aimer et comprendre dévoilent à quel point la condition du poète est difficile et combien il a besoin d'être compris et aimé. Cette quête de la réciprocité devient l'axe du poème.
- Vocabulaire et expressions
Le poète tient à ce que le lecteur soit logé à la même enseigne que lui, qu'il devienne son complice sur la piste de " l'inconnue ". Mais le poète propose des repères qui n'en sont pas, et il convient pour conduire l'enquête de s'investir dans le rêve qu'il donne à partager. Verlaine nous berce avec un rythme lancinant et répétitif pour mieux nous endormir.
- La place du temps
" je me souviens ", les souvenirs de Verlaine semblent s'être estompés avec le temps. Il ne se rappelle plus du nom mais simplement de sa sonorité " doux et sonore ". La présence des statues, qui figent le temps lui donne ici un repère.

Conclusion
Mon rêve familier est l'occasion pour Verlaine d'évoquer la dure condition de poète meurtri par son hyper sensibilité et de parler de lui même. Verlaine s'est caché derrière la femme qui lui apparaît dans son " rêve familier " pour nous concentrer sur son sort et nous faire connaître son drame intérieur.

Une incantation sonore
Dans la première strophe, le son é (fermé) apparaît 9 fois, (étrange, pénétrant et 6 fois et) autant que le son è (ouvert) (je fais, rêve, j'aime, m'aime, n'est, à fait, 2 fois et m'aime).
Dès le premier vers " Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant ", le phonème an est répété trois fois produisant par assonance sur le lecteur un effet d'envoûtement.
On retrouvera au vers 13 le même phénomène avec la voyelle a qui revient quatre fois" sa voix, lointaine, et calme, et grave, elle a ". Ce vers 13 est aussi avec les virgules, marqué de pauses fortes, comme si le souvenir de la voix émergeait avec hésitation des brumes de l'oubli.


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