Une causette le temps d'une pause

Le temps s’étire
Comme une lamproie
Et me prend pour proie
Pour peu que je me retire

Il m'attire dans ses limbes
Et me traine dans ses langes
J'esquive l'estocade et me fais ange
Je ruse et m'enceins de nimbe

Le temps s'arrête
Feint la syncope
Mes mots se font apocope
Et je perds la tête

Je me reprends et tranche
L'échelle du temps
M'y suspends longtemps
Mes mains nues sur la branche

Il se débat et me secoue
Mais point la branche ne cède
Je réclame de l'aide
et soudain se rompt mon cou

La fin de la pause sonne
je vous laisse la fin
et sur votre faim
je suis une polissonne

Je suis une polissonne ?
Non une simple personne
Qui toujours façonne
le moi qu'on tronçonne

En chaque lieu
Et en tout milieu
En quête de non-lieu
J'aspire à un juste-milieu

Je vise l'impossible équilibre
Pour être libre
Et sentir la vie qui vibre
dans toutes mes fibres

J'aime à être bousculée
voire parfois aculée
L'oreille collée sur l'inarticulé
L'œil vissé sur l'intitulé

Le monde m'émonde
Je refuse sa ronde
Contre lui je gronde
Lasse de sa faconde

Il est une illusion
Je me méfie de ses perfusions
M'exclue de ses effusions
Mais évite toute contusion

Le bien est ma mission
Je le donne sans permission
Sans chercher la fission
Tout doucement et avec conviction

J'ai tout lu <3

Tout doucement avec conviction ?
Parfois oui et non forment une addition
Je tranche avec en moi une affliction
Qui provoque toujours une friction

Aussi je ne tranche pas
A toute chose je refuse le trépas
A tout être je récuse le pas
Vers le néant et le compas

Je préfère la nuance
Voir le plein et l'abondance
L'éclat et la surbrillance
mais jamais la vacance

Je creuse le détail
Distingue la singularité dans le bétail
Evite toute entaille
Et livre bataille

Contre le point fermé
Le poing armé
Qui cherche à supprimer
Au lieu d'aimer

La Sagesse, probablement.

C'est intéressant.

Le temps s’étire
Comme une lamproie
Et me prend pour proie

Le temps s’étire

Et me prend pour proie

Celui là mon préféré.

Au lieu d'aimer ?
trop compliquer à conclamer
Pourtant voilà un carburant à essaimer
Auprès des bien-aimés, des mal-aimés

Auprès des bien aimés, des mal aimés
Je me tiens fidèle pour disséminer
Un peu de poudre de perlimpinpin
Et épandre vers chaque main le pain

Attendu, espéré et pourtant dévoré
Blessant mortellement sa croûte mordorée
Et parfois la main dans son prolongement
Jusqu'au sang dans un brutal épanchement

De désirs et de convoitises insensés

Merci Izo, l'idée est très belle.
Le mieux est l'ennemi du bien. Ou Bien scier la branche sur laquelle on est assis? Les deux conviennent Aphorismes entendus mais contenant leur part de vérité.

De désirs et de convoitises insensés ?
Là, oui, à portée de mains carencées
Tout près de cœurs faussement enlacés
Sur cette terre journellement offensée

Qu'on foule le pied cadencé
Martelant la pierre désireuse d'être caressée
Pourtant et qui pleure d'être délaissée
Par un cœur si dur et tellement cadenassé

Par un cœur si dur et tellement cadenassé
on se croit abattu et trépassé
Que nenni il en va tout autrement
Parfois un sol ami nous héberge accommodement

Alors une petite joie s'envole de nous
Et devant le monde se jette à genoux
implorant encore et encore, des bisous
tout au bout de la nuit tel un hiboux

Infatigable et acharné qui œuvre
malicieux fier de sa manœuvre
Glissant vers nous en couleuvre
vive et nous empoignant comme une pieuvre

Jusqu'au fond de nous pour y loger
encore et encore en nouvel horloger
de nos instants désormais hypogés
pour toujours sans craindre d'être limogée

une joie petite mais résistante

une joie petite mais résistante
Toujours désireuse dans sa persistance
de soigner sa transe
donc, peu encline à la tempérance

Au grand dam de l'assistance
qui l'entoure sans bienveillance
toujours la dissonance
sur la pointe de leurs lances

Soit, ma petite joie, avec contenance
Vers vous tous s'avance
Offerte dans sa magnificence
et sa possible béance

Que vous voyez ou pas, avec distance
comme pour vous prémunir de sa brillance
De ses exubérances
que vous jugez avec malveillance

Merci izo !
Petite joie survivra !

que vous jugez avec malveillance
Fiers de votre vaillance
Le plastron qui devance
l'être perclus, en balance
entre la vile complaisance
et la vaine résistance

Me voici donc en dissonance
a sonner ma triste engeance
au travers de vos nuances
et par dessus vos stances

Que j'écoute séance
tenante l’ouï en béance  
la leçon en appétence
sur mes lèvres en carence

de mots en partance
vers un pays avare en confidence
malgré toutes vos avances
et votre émouvante confiance

Quelle patience, merci pour cette danse, à ce jeu point d'évidence.

Interlude premier
Le Monde est bruit ce matin
Je l'entends bruisser de toutes part
Toujours cette question : "pourquoi quelque chose plutôt que rien ? "Elle est notre pieu qui s'enfonce chaque jour davantage donc nos têtes, cœurs et ventres, (esprits mal placés, ailleurs).
Autre question lancinante : "pourquoi suis-je ?" Évacuée pour ma part très rapidement au profit d'un vivre si possible étincelant.
Avant dernière question qui tance certains : "pourquoi moi plutôt qu'un autre ?". C'est l'occasion de promener le regard un peu plus loin que soi même, mais guère.
Enfin la question qui taraude en secret plus d'un : "pourquoi moi plutôt que dieu ?", dont la variante : "pourquoi dieu plutôt que moi ?" a sa réalité aussi.
D'un revers de tête écarter ces questions ?

Interlude second
Dans la poussière, le taureau dans l'arène n'a pas de deuxième chance. De la même manière il n'est pas donné à l'homme une deuxième vie. A l'instant où il commence à comprendre, il meurt. (Suis philosophe ce matin au bureau ....).